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Désirs d'Avenir - Epinay /s Sénart
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30 juin 2007

" Conseil national des blâmes " par Thierry MANDON

Dans une province reculée de l'Ancien Empire Chinois, la tradition voulait qu'un chef de guerre rentrant chez lui victorieux soit soumis à la " nuit des blâmes". Au cours de cette cérémonie méticuleusement organisée, les sujets pouvaient librement adresser au suzerain tous les reproches possibles, des plus fondés, comme la mort au combat d'un membre de la famille, aux plus variés. il arriva ainsi qu'on reprocha au vainqueur l'affaiblissement des couleurs des drapeaux sous l'effet de la poussière ou le temps trop long passé à rentrer chez lui après la bataille.

Samedi matin dernier, lors du " Conseil National des blâmes ", tous ces reproches et bien d'autres furent adressés à Ségolène Royal : drapeau de nos valeurs bradées aux sirènes centristes, absence ce jour-là qui traduisait le peu d'empressement à rejoindre les siens... Rien ne lui aura été épargné. Mais de la Chine du Moyen-Age, le Parti Socialiste n'aura finalement retenu que la complexité et l'immuable de l'ordre intérieur. Car, pour le reste, le " Conseil national des blâmes " n'aura pas eu pour objet de renouer, à travers la libre critique, la relation d'amitié et de confiance entre le valeureux combattant et son peuple, pas plus que de l'inviter à retrouver ainsi sa place parmi les siens. Le flot libéré des critiques n'avait pour seul objet que de fermer la porte à celle qui avait porté nos couleurs et de refermer la trop longue et douloureuse parenthèse qu'avait été, pour bon nombre de nos dirigeants, la campagne présidentielle. que  les sifflets contre les adhérents à 20 €, pourtant votés à l'unanimité des mêmes il y a quelques mois, aient donné la nausée, soit : nous sommes malheureusement convaincus depuis trop longtemps que l'intégration que nous professons pour la société a encore du chemin à faire dans nos rangs ! Mais les vociférations et mâles protestations contre la candidate, sa campagne et ses déclarations avaient pour objectif inavoué de masquer l'indicible : surtout ne rien changer. Au Parti Socialiste, depuis 10 ans, on ne change jamais une équipe qui perd : le Parti du mouvement est devenu le chantre de l'immobilisme.

Nous voici donc repartis avec les mêmes : François Hollande, soutenu par Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius au Parti, une pseudo refondation organisée à la va vite en 3 forums thématiques, des assises qui viendront après, quand on aura définitivement écoeuré tout postulant de venir travailler avec nous, quelques jeunes alibis pour éviter de toucher aux fondamentaux : c'est le scénario de 2002.

On parle de refondation. Mais on commence à fermer, verrouiller et exclure, sous le regard distrait et souriant d'un 1er secrétaire qui depuis 10 ans n'aura jamais été là quand il le fallait pour défendre notre intérêt collectif.

Car l'intérêt collectif exigeait l'exact contraire des mortifères décisions de samedi : d'abord ouvrir, consulter, écouter, prendre le pouls d'une société dont notre appareil asséché n'entend plus que le lointain écho le soir des désillusions électorales successives. Ensuite, rendre à notre candidate le bénéfice de l'élan qu'elle a su créer, comprendre combien a dû être difficile la campagne présidentielle où les bâtons dans les roues n'ont pas manqué. L'inviter ainsi à participer pleinement au travail de rénovation qui sera nécessairement collectif et ne peut se construire contre le Parti sauf à tirer un trait sur ce qu'il est. En appeler enfin aux militants pour qu'ils participent largement à nos Etats Généraux de la refondation plutôt que de faire siffler les plus nouveaux des socialistes.

Nous voici donc une nouvelle fois mal barrés ! Que faire ? Adhérez ! au risque du paradoxe, il faut dès à présent expliquer à ceux qui aiment le PS et veulent sa rénovation véritable, qu'ils doivent venir l'imposer à quelques dirigeants qui feront tout pour l'interdire. S'organiser ! Car il existe dans le Parti des rénovateurs dans toutes les anciennes sensibilités qui n'en peuvent plus de ces éventuelles luttes sclérosantes et n'acceptent pas les échecs programmés. Penser ! Car il est d'ores et déjà certain qu'à peine ripolinés, nos dogmes étoufferont toute pensée critique. Imagine-t-on nos éléphants dire autre chose que ce qu'ils expriment depuis 25 ans ? Pourtant, c'est en nous attachant à un authentique travail de réflexion et d'imagination que nous donnerons corps à la rénovation.

Je forme le voeu qu'en août prochain, à Fouras, nous ouvrirons très largement ce processus d'impertinence collective, propositions d'y associer très largement et librement dans le Parti et hors du Parti ceux qui croient à la rénovation par les idées et réfléchissons dès à présent à l'organisation appropriée de cet " atelier rénovateur " sans lequel, je le crains, militer à gauche n'aurait plus guère de sens. Viendra, plus tard, la question de savoir - ou pas - servir. Pour l'instant, il faut qu'il existe, au-delà des uns, des unes et des autres.

Avec une méthode tirée de notre conte chinois : là-bas " la nuit des blâmes " n'était finalement rien d'autre qu'un rappel aux combattants vainqueurs et glorieux de leur devoir d'humilité. La tradition chinoise ne dit pas que ce rappel ait été utile les soirs de défaite. Mais, habitués que nous sommes depuis 3 présidentielles, à la gestion des lendemains de batailles perdues, nous pourrions commencer par cela : l'humilité. Puis tracer le chemin : l'exigence. Le reste viendra alors, en son temps.

Thierry MANDON

Maire de Ris-Orangis

1er Vice-Président du Conseil Général de l'Essonne

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Commentaires
L
PARIS, 4 juil 2007 (AFP) – <br /> Des élus socialistes, dont plusieurs partisans de Ségolène Royal, ont décidé de se lancer sans attendre dans la rénovation du parti, estimant que le processus proposé par la direction "n'est pas à la hauteur de l'enjeu". <br /> "Le Parti du mouvement ne doit pas devenir aujourd'hui une machine à broyer les énergies neuves, comme l'issue du dernier Conseil national, plus que décevant, peut le laisser craindre", écrivent dans un communiqué plusieurs élus du parti, dont les députés Gaëtan Gorce, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Christian Paul, Patrick Bloche, Patricia Adam, Christophe Caresche, le maire de Bondy Gilbert Roger... <br /> "Pour combattre les idées claires de la droite dure, le PS ne saurait se contenter d'idées floues, de vieilles recettes", ajoutent-ils, refusant "la tentation dominante" de l'immobilisme et défendant "une transformation profonde" du parti. <br /> Pour eux, "le processus proposé par la direction n'est pas à la hauteur de l'enjeu": "réplique pure et simple de la méthode déjà proposée en 2002", il risque d'amener aux "mêmes funestes résultats" en 2012 qu'en 2007. <br /> "C'est d'un changement beaucoup plus radical et beaucoup plus profond que nous avons besoin", affirment-ils. <br /> Pour ce faire, il faut que "tous ceux qui en ont assez des querelles de personnes, des luttes de clans et des ambitions présidentielles se rassemblent, non pour fonder un énième courant ou une énième sensibilité mais pour ouvrir un dialogue franc, approfondi, sans tabou ni a priori, sur les causes de nos défaites et sur les moyens d'y répondre". <br /> "Il faut changer de méthode pour changer le fond", a précisé à l'AFP Gaëtan Gorce, qui craint que le parti n'organise qu'un débat "personnalisé et instrumentalisé par les luttes de clans". Et si la direction du parti ne lui "inspire pas confiance", il affirme qu'il ne s'agit en rien d'un procès de personne contre François Hollande, à qui il reproche d'être "la clef de voûte d'un système" qui n'a pas de capacité à "changer rapidement".<br /> <br /> Signez la pétition pour commencer la rénovation MAINTENANT ! >>> http://www.mesopinions.com/Renovation-du-PS---petition-pour-un-congres-anticipe-petition-petitions-2c973d79c206ad6767f33c71b7f40c58.html<br />
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